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 GAKAS, nasty ϟ « wicked soul »

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MessageSujet: GAKAS, nasty ϟ « wicked soul »   GAKAS, nasty ϟ « wicked soul » EmptyVen 14 Jan - 17:21




THE BRONX - NEW YORK. 15 MAI 2010.
(HEURE DU SOLEIL QUI SE COUCHE & DES ENFANTS QUI TOMBENT)
Excitation d'une fin de journée - Nastasia aimait ce moment où elle était dans ce qu'elle pourrait appeler une étape intermédiaire entre ses deux occupations. Toujours vêtue du vieil uniforme du restaurant chinois dont elle n'avait retiré que le tablier en quittant son travail, elle admirait le soleil qui semblait bien décidé à ne pas se coucher de sitôt. Le Bronx avait beau être un quartier parfois agité, Nastasia adorait le petit endroit qu'elle avait déniché pour en faire son nid. Elle savait qu'il était mauvais de s'attacher autant à un endroit qui ne devait être qu'une planque en attendant de fuir en Europe. Déjà trois ans... Elle s'arrêta brusquement pour laisser passer l'un des enfants du voisin sur sa trottinette, suivi de près par son frère qui l'arrosait avec son pistolet à eau. Le tout dans un éclat de rire général et qui se termina très vite en une grosse chute. La mère débarqua alors énervée, époussetant les paumes pleines de gravier de ses fils. Remarquant sa voisine, elle fit un signe de la main à Nastasia qui répondit d'un hochement de tête poli. Se montrer aimable mais ne jamais laisser l'occasion à quelqu'un de savoir si elle l'était vraiment.
- Ah, Nastasia, Nastasia, ne pars pas ! J'ai du courrier pour toi !
La jeune fille leva les yeux au ciel mais, lorsqu'elle se retourna, elle arborait un sourire ravi. Ah, du courrier, vraiment ? Quelle bonne surprise, je vais encore passer une superbe soirée sur cette bonne vieille facture de gaz. Elle attendit patiemment que sa voisine revienne et, lorsque la grosse dame réapparut, prit ses lettres et maugréa un merci à moitié mâché avant de reprendre sa route. Facture, facture, publicité, facture, publicité, publicité, ... Enveloppe fournie. Blanche, sans même l'adresse du receveur, sans une seule inscription, soigneusement fermée mais durement froissée. Avançant machinalement jusqu'à la cour devant chez elle, elle scruta cette enveloppe, sachant avec quasi-certitude de qui elle provenait mais incapable de deviner ce qu'elle pouvait bien contenir.
- Nastasia Kira-Lise Gakas ?
L'intéressée releva brusquement la tête. Assise sur les marches de son perron, une jeune femme, la trentaine, typée asiatique, vêtue d'un costume sombre sur une chemise d'un blanc immaculée et les cheveux relevés en une queue de cheval haute, l'attendait. Aussitôt, Nastasia lâcha le courrier qu'elle tenait en main et fourra sa main dans le sac qu'elle tenait sur son épaule, sa main se refermant immédiatement sur l'arme qui ne la quittait presque jamais.
- Non, non, pas besoin de ça ici. Je ne suis pas là pour vous arrêter.
Nastasia hésita mais elle semblait sincère, lançant des regards réguliers aux enfants qui jouaient dans les jardins alentours. Elle garda sa main encore un instant accrochée à son arme, finit par la relâcher et par sortir sa main de son sac, la laissant tout de même à une distance assez raisonnable pour dégainer avec assez de vitesse pour éliminer son adversaire.
- Kanzaki, prononça Nastasia entre ses dents. Comment est-ce que vous m'avez retrouvée ?
La dénommée Kanzaki se leva et épousseta négligemment son costume avant de s'approcher de la jeune blonde, s'adressant à elle si doucement qu'on aurait presque dit qu'elle lui faisait une confidence.
- Je ne pense pas que tu aies posé la bonne question. Comment est-ce que j'en suis venue à la conclusion que le maillon manquant, la clé qui liait toutes mes affaires en rapport avec Green, c'était toi ? Tu devrais me laisser entrer, je crois qu'on a beaucoup de choses à se dire.
THE BRONX - NEW YORK. 15 MAI 2010.
(PLUS TARD DANS LA SOIREE, HEURE DU RAT QUI RENIFLE)
Kanzaki était fatiguée et courbaturée. Le voyage qu'elle avait dû faire pour rejoindre New York et les efforts qu'elle avait dû déployer pour retrouver Nastasia l'avaient abattue et elle avait plus d'une fois songé à abandonner l'affaire. Si elle n'avait pas été persuadée que Cyrus, son coéquipier et petit-ami, n'avait pas été tué à bout portant par la jeune fille, elle n'aurait pas eu cette hargne qui l'avait menée jusqu'ici. L'idée que Nastasia puisse être la clé ne lui avait même pas frôlé l'esprit durant les quatre ans où elle l'avait interrogée en ne la croyant que simple témoin sur une affaire indépendante. Quatre ans durant lesquels un bandit des rues surnommé Green sema la terreur sur toute la côte Pacifique, du Japon à l'Australie en passant par la Thaïlande et l'Amérique latine. Ce gosse élevé sur les trottoirs avait même fini par se faire déclarer ennemis de la mafia. Un gosse ! Il avait fait enrager Kanzaki pendant sept ans et continuait encore à lui donner du fil à retordre mais, jusqu'à présent, toutes ses actions, tous ses plus gros coups étaient restés un véritable mystère pour la détective et policière qui avait d'abord pris pour une aubaine cette affaire qui devenait toujours plus grosse et la propulsait au rang international. Septe longues années... Pour en arriver là, assise sur une chaise inconfortable, un café à peine tiède devant elle et le regard bleu perçant de celle qu'elle avait toujours appelée "la petite" vrillé sur elle.
- Tu sais, je trouve ça fou. Ca fait des années que je te connais. J'ai dû t'interroger au moins dix fois, j'ai inspecté l'appartement familial, je t'ai même surprise deux fois à l'hôpital. J'aurais dû faire le rapport tout de suite, mais tu semblais tellement innocente, comment aurais-tu pu seulement être entraînée dans une telle histoire ? Et puis, j'ai compris. Mes sources m'avaient toujours rapporté que Green n'avait qu'une seule faiblesse : sa famille. Tu sais très bien comment cette part là s'est terminée... J'ai su que sa véritable faille était une fille à peu près un an avant que tu disparaisses, mais tu étais loin d'être le genre de fille que je pensais être le type de Green. Tu étais un mythe, pour moi ! La copine du caïd le plus détesté de toute la côte Pacifique, t'imagines ce que j'aurais pu faire de ça ? Si une telle personne existait, elle devait être en possession de toutes les informations dont j'avais besoin pour démanteler tout le gang, et peut-être même d'autres. Les Cinq, tu connais ? Je suis sûre que tu connais. Il me semble que c'est ce gang là qui a découpé la soeur de Green en morceaux, non ? Ils vous ont donné du sacré fil à retordre. Et pourtant, ils courent toujours et même si des fois je suis sûre d'en tenir un, je n'ai aucune preuve pour le retenir. Alors que toi tu étais là, sous mon nez, pendant tout ce temps, à vivre avec ma cible.
Nastasia restait silencieuse. Seul son regard changeait d'expression en fonction de ce que Kanzaki lui disait. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu'elle entendit ses dernières paroles - son interlocutrice se souvenait de l'hôpital où elles s'étaient croisées avec un membre des Cinq et de l'appartement d'un suspect où elle y avait trouvé la jeune fille, mais elle ignorait le nombre de fois où Nastasia s'était trouvée dans le même lieu que Kanzaki, déjouant ses plans et éliminant ses plus proches collaborateurs. Trois ans... Ça semblait être une éternité pour la jeune fille.
- Alors ? reprit Kanzaki.
- Alors quoi ? répliqua Nastasia.
- Alors explique-moi, qu'est-ce qu'il s'est passé ? Est-ce que tu as toujours connu Green, est-ce que tu as toujours été comme ça ? J'ai besoin de savoir.
- Je ne vois pas pourquoi je vous dirais quoique ce soit.

Kanzaki ne trouva pas quoi répondre - elle marquait un point. Même lorsqu'elles se cotoyaient, elles avaient toujours ressenti de l'animosité l'une pour l'autre. S'il y avait bien deux personnes qui n'avaient aucun atome crochu, c'était elles. La détective n'avait pas le choix - elle devait tenter le tout pour le tout.
- Et ton fils, comment il va ?
Touché. Nastasia lança un regard meurtrier à Kanzaki qui le soutint avec défi. Après un instant de silence, la blonde céda.
- Vous ne savez vraiment rien de cette histoire, en fait. Vous prétendez me connaître et me suivre mais vous ne savez rien de moi. Rien du tout. Ni de Green. Vous n'avez toujours fait que gratter la coquille.
- Alors dis-moi ! Je n'ai pas fait des milliers de kilomètres pour commenter la décoration de ta cuisine.

KALOTARITISSA, NISOS AMORGOS - GRÈCE. 23 AOÛT 1996.
(HEURE DU COQ QUI CHEVAUCHE L'ÂNE)
Du haut de ses huit ans, Nastasia était la petite fille la plus courageuse de toutes les îles alentours. Elle sautait du haut des falaises pour plonger dans l'eau tiède de l'été méditerranéen, agrippait les insectes par la queue et les éloignait des plus trouillards, construisait des cabanes en se glissant parmi les branches des oliviers de la montagne. A part quelques souvenirs de ses premières années à Moscou, en Russie, auprès d'un père de qui elle ignorait tout, elle ne se souvenait pratiquement que d'avoir chevauché des ânes le long de l'île pour faire des courses pour sa mère & ses grands-parents.
Comme à son habitude, son grand père qu'elle aimait surnommer Pépito l'attendait devant la porte de leur maison blanche à porte bleue, alors qu'elle revenait de sa ballade quotidienne près des falaises. Un verre de lait à la main et son sourire si particulier pour accueillir sa petite fille, Pépito la laissa débouler dans la maison en sautillant.
- Chérie, arrête de faire du bruit, tu sais que ta mère n'aime pas être réveillée quand elle a mal à la tête.
Aussitôt, la petite fille s'arrêta et s'assit sur le canapé, tendant sa main pour prendre le verre de lait que lui tendait son grand père. Le paradis sur terre : un dessin animé à la télé, du bon lait et un papy qui s'occupe de vous comme d'une princesse.
- Dis Pépito, demanda Nastasia au bout de quelques instants, est-ce que tu connaissais mon papa ?
Le vieillard fut songeur un instant, baissa le son de la télé et mit ses mains sur ses genoux.
- Oui.
- Est-ce qu'il était gentil ?
- Pourquoi, est-ce qu'il te manque ?
- Je sais pas trop... Je ne me souviens pas vraiment de lui, maman ne veut jamais en parler et c'est même pas la peine de lancer mamie là-dessus, elle va encore me gronder et m'envoyer jouer dans la culture d'oliviers d'à côté.

Ils rirent de connivence avant que Pépito ne reprenne son sérieux.
- Ton père n'est pas un homme gentil, Nastasia. Ta mère l'a rencontré parce qu'elle pensait qu'en quittant l'île & en s'aventurant en Europe elle trouverait une meilleure vie. Elle voulait être indépendante, et elle est juste devenue dépendante de lui. Mais il ... comment t'expliquer ça, ma chérie ? Il faisait des choses qu'un homme droit ne devait pas faire. Il traitait avec les mauvaises personnes, il était le chef de gens qui faisaient de mauvaises choses et il a entraîné ta mère avec lui.
Lorsque son grand père retrouva le silence, elle n'osa pas le relancer.
Le salaud, pensait Pépito. Ce connard, il ne lui avait pas suffi de lui avoir pris sa fille, il avait aussi fallu qu'il lui fasse un gosse. Il n'avait jamais voulu de cette situation, il avait mis sa femme en garde dès le début. Cet homme ne lui apporterait que des problèmes ; mais non, ils avaient laissé faire, et c'est avec une petite blonde de cinq ans dans les bras qu'elle était venue leur demander asile après s'être fait jeter pour une plus méritante, bien que ce soit auprès d'eux qu'elle ait accouché. Une sale histoire, tout ça, pas le genre de truc qu'on pouvait raconter autour d'une belette avec les copains de la pétanque, ça non. Le genre d'histoire que sa petite fille se devrait de découvrir toute seule, il n'allait pas en plus lui avouer que son père était un mafieux corrompu jusqu'à l'os. Il aimait cette gosse mais quand même !

TOKYO - JAPON. 29 JUIN 2005.
(HEURE DE L'AMOUR QUI VIENT D'ON NE SAIT TROP OÙ)
Ca faisait presque un an que Nastasia passait devant le bar miteux qui surplombait Shinjuku Ward mais, à chaque fois, les nippons étaient choqués de voir l'occidentale traverser la rue normalement bondées de filles aux yeux bridés, aux cheveux noirs lisses et aux yeux bruns. La jeune blonde ignora leurs regards appuyés et traversa l'allée de gravillons, passant une barrière et pénétrant dans une demeure à l'apparence délabrée mais occupée par deux hommes qui semblaient tenir la garde à l'entrée.
- Où est Green ? demanda Nastasia à un japonais qui fumait un joint sur le canapé de ce qu'il restait du salon.
- Dans la chambre, il est mort je crois.
Nastasia remercia le jeune homme d'un signe de tête, ignora l'arme qu'il gardait le long de sa jambe et monta rapidement les escaliers. Effectivement, une masse gisait sur le lit de la chambre. Green était là, presque endormi, un joint à moité entamé posé dans le cendrier. La jeune fille se laissa tomber dans le lit près de lui avec fracas, le faisant gémir puis grogner.
- Hmmm...
- Hmm hmm,
lui répondit-elle moqueusement.
Le jeune russo-asiatique sorti son bras de sous l'oreiller et l'enroula autour de la taille de Nastasia, l'attirant contre lui en enfonçant son visage dans sa chevelure pour humer son parfum. Il n'ouvrit cependant pas les yeux et sembla même avoir trouvé la position parfaite pour dormir.
- Hachi m'a dit que tu étais mort, t'es toujours bon pour ce soir ?
- Hmm, oui
, répondit-il en embrassant sa nuque. Mais je ne veux pas que tu viennes.
Nastasia le repoussa brusquement et lui lança un regard accusateur.
- Hiro... Tu m'avais promis, gémit-elle. Tu sais que j'en suis capable, je veux participer.
Lorsqu'elle l'osait l'appeler par son vrai prénom, c'était qu'elle tenait vraiment à quelque chose. Le jeune homme tenta d'être intransigeant.
- C'est trop dangereux.
- Tu parles, répliqua aussitôt Nastasia. Rentrer chez moi tous les soirs, cotoyer ma mère, subir ses interrogatoires, aller en cours et faire comme si tout était normal, ça c'est dangereux.
Le téléphone de Green sonna et interrompit les deux jeunes gens. L'asiatique répondit rapidement et discuta brièvement avec ce qui semblait être son chauffeur attitré et ami de toujours, Ass. A vrai dire, elle ignorait son véritable prénom. Peu de personnes connaissaient les prénoms des autres, ça faisait partie du jeu. Ici, Nastasia se faisait appeler Kira - ça coulait tout seul. Dévoiler son nom à un membre du groupe, c'était lui permettre de découvrir toutes ses faiblesses. Un nom, c'était toute une identité et un passé. Ass, donc, était appelé comme ça à cause de son bras droit qui ne le quittait jamais & que Nastasia avait surnommé Dick. Au bout d'un an, Dick & Ass avaient vraiment trouvé leurs pseudos attitrés, à leur plus grand déplaisir. Cependant, on ne décevait pas la copine du chef. Green finit par raccrocher et se redressa.
- Je dois me préparer pour ce soir, c'était Ass. Ils vont venir me chercher.
Il se leva sans plus de cérémonie et retira son tee-shirt et son jean. Presque par réflexe, Nastasia le détailla du regard et se mordit la lèvre inférieure avant de reprendre ses esprits.
- Les Inséparables. Un peu plus & je pourrais être jalouse, je commence sérieusement à penser que tu les aime plus que moi.
Alors qu'elle pensait que sa remarque coulerait comme de l'eau sur un rocher, Hiro se tourna brusquement et l'agrippa par le bras pour la faire se tenir debout avant de serrer ses poignets si fort qu'elle en aurait eu les larmes aux yeux si elle n'y était pas si habituée.
- Je n'aime... personne... plus que toi, déclara Hiro entre ses dents, son front collé à celui de la jeune fille. Je veux juste te protéger... Tu es la seule, Kira, la seule. Si ils te trouvent... Les flics, les Cinq, ou la mafia, qui sait qui d'autre veut ma mort, si ils t'utilisaient, je ne le supporterais pas. Tu sais que quelqu'un dans ma position n'est pas censé s'attacher à ce point à quelqu'un... J'enfreins les règles et je refuse que tu en paies les conséquences.
Le bruit des freins de la voiture d'Ass retentit jusqu'à la chambre. Nastasia aurait voulu se battre, protester, mais elle se contenta de voler un baiser à Hiro et de retourner sur le lit pour s'y affaler. Le jeune homme sortit rapidement et, quelques secondes plus tard, elle entendit une portière claquer et la voiture repartit au quart de tour.
L'esprit de Nastasia fut focalisé sur Hiro et ses chances de revenir en vie pendant les six heures qui suivirent. Tournant dans la maison comme un fantôme, elle ne pouvait s'empêcher de penser à lui et à ce qu'il lui avait dit. Pourtant, elle savait qu'elle pourrait lui être utile - elle était agile, elle n'attirait pas l'attention, et en plus de ça il avait réussi à lui faire découvrir une toute autre facette de sa personnalité, manipulatrice et calculatrice. Vivre avec des caïds l'avait endurcie. A son arrivée à Tokyo, deux ans auparavant, elle n'était qu'une adolescente comme les autres dont la mère voulait prendre un nouveau départ loin de l'Europe. C'était le lycée qui l'avait corrompue - elle avait d'abord été prise pour cible par les élèves, avant d'être miraculeusement prise sous l'aile de Hiro. Lui qui ne fréquentait presque plus le lycée, déjà plus intéressé à l'idée de traîner dans les rues que de passer son temps en cours, il l'avait voulue à l'instant même où il avait vu ses cheveux blonds - elle le savait parce qu'il le lui avait avoué. Il ne lui avait jamais caché qu'il trempait dans des affaires louches et elle avait toujours accepté cette situation, à la fois effrayée à l'idée qu'il lui arrive quelque chose et attirée par ce monde qu'elle ne connaissait que des brefs récits de Pépito lorsqu'il parlait de son père. Elle était entrée dans ce cercle en ingénue, miraculeusement protégée. Tout était parfaitement clair : le premier qui la touchait, la regardait mal ou lui disait quelque chose qu'il n'aurait pas dû prononcer, son dernier souvenir serait celui de Green pointant une arme sur sa tempe. Oh ça oui, il avait été intransigeant. Après, il lui avait dit que c'était normal : avec eux, il fallait être clair ou le message ne passait pas, leur mot d'ordre était d'outrepasser toutes les règles qui leur étaient données. En entrant dans ce cercle et en se mettant au service de Green, tous ses sbires sous-entendaient que leur existence n'avait pas de meilleur sens que de se faire exploser devant un restaurant chic pour mettre en garde la mafia. Tout ce qu'il leur restait était leur souffle.
A vrai dire, Nastasia était très curieuse sur ce qui se passait autour d'elle, parfois trop. Elle posait tout le temps des questions, parfois au mauvais moment ; plusieurs fois, elle avait embarassé Green devant des clients ou des ennemis. Avec eux, il devait se montrer dur et intouchable - elle l'handicapait, il posait les yeux sur elle et se sentait incapable de la rejeter. Il l'agressait verbalement, lui jetait des regards meurtriers mais son coeur se brisait dès qu'il la sentait blessée. Oh oui, au début ça n'avait pas été facile. Et puis, au fil du temps, elle avait fini par comprendre et elle attendait sagement de se retrouver seule avec lui pour oser être démonstrative. Finalement, c'était tout ce qui comptait : qu'à un moment ou à un autre dans la journée, ils se retrouvent face à face, les yeux dans les yeux, leurs peaux se frôlant, oubliant braquages, morts, famille envahissante et mauvaises notes. Juste tous les deux. Green, qui était particulièrement réputé pour être sans pitié voire même sans âme, se découvrait lui-même tendre et capable d'aimer.
A deux heures du matin, Nastasia fut réveillée par des chuchotements dans le couloir. Green et Dick semblaient en plein débriefing. Apparemment, tout ne s'était pas passé comme prévu et le rendez-vous organisé avec les Cinq avait été pris en escapade par la police. Une flic, Kan-quelque chose (après tout, pour Kira, tous les nippons avaient à peu près le même nom), leur faisait profondément chier et ils ne tarissaient pas d'insultes à son égard. La conversation s'acheva bientôt et Green rentra silencieusement dans la chambre. En ouvrant un oeil, la jeune blonde put distinguer la mèche verte qui se logeait entre ses cheveux noirs et qui lui avait valu son surnom. Il se déshabilla et se glissa sous les couvertures en posant son bras sur sa petite amie, la pensant endormie.
- Alors, tu es allé faire quoi ?
Silence. Il refusait toujours de lui parler de ses missions.
- T'aurais pu me ramener à manger.
- T'as faim ?
Soupira Green.
Nastasia fut tentée un instant de dire oui mais elle ignorait si, fatigué comme il était, il était vraiment capable de ressortir ou même de se traîner jusqu'à la cuisine pour lui faire quelque chose. Elle se mit à califourchon sur son dos et le caressa tendrement.
- C'est pas grave. Repose-toi...
Elle se leva mais il la retint immédiatement par le bras.
- Et tu crois aller où comme ça ?
- Je dois rentrer, ma mère doit être en panique totale.
- Ta mère m'emmerde tellement. Tu sais, je pourrais envoyer deux ou trois gars et l'histoire serait réglée. Tu serais tout le temps ici et personne viendrait te faire chier.
- Et je ferais quoi de ma vie ? Je serais juste ta copine ? Je ferais de la couture en attendant que tu reviennes de tes deals et de tes règlements de compte ? Hiro, je vaux mieux que ça et tu le sais très bien...

Hiro soupira encore. Il n'arrivait définitivement pas à mettre de mots sur ce qu'il voulait vraiment, de solution au problème qui les tourmentaient. Il n'était pas habitué - sa mère était une prostituée et c'était elle qui l'avait fait vivre dans la rue dès son plus jeune âge. Son père, il n'en avait aucun souvenir. Il n'avait pu compter que sur lui-même durant toute sa vie, il s'était construit un empire et n'avait su parler qu'en dollars et en taille de balle. Le sexe, il connaissait, quand on doit faire ses preuves on se retrouve dans des situations parfois inoubliables. Au début, c'était tout ce qu'il voulait faire de Nastasia - une Occidentale dans la poche & il était refait. Mais elle l'avait emprisonné dans ses yeux. En deux secondes, sa volonté, sa réputation, Green lui-même avait disparu et il n'avait été qu'Hiro Nanako, petit gosse des rues qui se découvrait soudainement un coeur.
- Je veux juste - juste être avec toi. Mais tu sais que je ne peux pas abandonner... tout ça. C'est une partie de moi, tu m'as dit que tu l'acceptais, mais... ne pars pas. Juste ce soir, dors ici. On trouvera une excuse pour ta mère, merde quoi, je fais criser des mecs qui cachent des flingues sous leurs matelats, c'est pas elle qui va m'empêcher de t'avoir cette nuit.
Nastasia fit mine d'hésiter, retira le jean qu'elle venait de remettre et sauta de nouveau dans le lit en se lovant dans les bras de Green.

SYDNEY - AUSTRALIE. 5 JANVIER 2007.
(HEURE DU CYRUS GRILLÉ)
L'AMP Tower - Nastasia ne l'avait vue qu'en photo et pourtant, elle n'était pas du tout impressionnée par cette massive tour dont le dernier étage tournait à 360° et comportait un restaurant haut de gamme. Et dire que tous ces blaireaux dégustaient leur langouste en ignorant que, deux étages plus bas, l'un des barons de la mafia possédait son bureau personnel. Ca faisait déjà un moment que la mafia italo-australienne titillait le gouvernement sans se faire attraper par la police - encore des flics grassement payés. La silhouette de la jeune fille se glissa silencieusement le long du building à peine gardé, se faufilant au sous-sol par une petite fenêtre. Elle avait étudié les plans depuis deux mois et connaissait sûrement mieux son infrastructure que son propre architecte. Cette mission était plus qu'une simple tâche - c'était un défi et c'était la première mission qu'elle exécutait en solo, sans au moins deux sbires de Green pour la couvrir. Celui-ci devait claquer des dents dans la voiture noire où il l'attendait. Nastasia sourit en secouant la tête - il devait surtout avoir une ride entre les sourcils et le visage totalement fermé, c'était comme ça qu'il exprimait son anxiété (et tous les autres sentiments, à vrai dire). Enfin, elle se sentait prête et elle savait qu'il avait confiance en elle. Son corps fin passa facilement entre les portes entrebaillées, elle croisa deux fois des personnes et sut disparaître avant qu'ils ne soient dans le même couloir qu'elle. Dans une petite salle, elle troqua son habit "de catwoman" contre une robe elle aussi noire, courte sans être trop aguichante, avec une longue fente sur le côté permettant le mouvement libre de ses jambes. Elle relâcha ses cheveux d'un roux flamboyant et pénétra dans le hall d'un air assuré, se glissant avec classe jusqu'à l'ascenseur le plus proche. Alors que les portes se refermaient, son regard fut happé par celui d'une des personnes dans le hall et elle eut le temps d'ouvrir la bouche avant que l'appareil ne se mette en marche.
Devait-elle avertir Hiro ? Tout avait tellement changé en un an... Dès l'instant où Green avait laissé sa petite amie l'accompagner à un braquage, elle ne l'avait plus quitté. Arrêter l'école et abandonner sa famille, elle y était plus que prête - sa mère occupée à se refaire une nouvelle vie ne lui accordait de l'intérêt que pour la réprimander sur ses mauvaises fréquentations. Elle avait passé six mois à ne voir presque que Green, apprenant à se battre comme dans la rue et à manier les armes et les gadgets qu'ils réussissaient à dégoter. Parallèlement, ses idées ingénieuses et son audace avaient fait d'elle un membre à part entière du clan et il n'était jamais arrivé que quelque chose qu'elle n'avait pas planifié pendant une mission se passait. Elle était devenue une petite caïd, une gangster. Un avis de recherche avait été lancé après qu'elle ait fait ses valises et emménagé au quartier général - elle s'était teint les cheveux en roux, avait ri lorsque Green l'avait vu et lui avait murmuré que, maintenant, ils étaient pareil et qu'il n'avait plus d'excuse pour ne pas la sortir. Bien sûr, tout ce qu'elle faisait elle le faisait pour Hiro, pour l'amour qu'ils partageaient et le bonheur qu'il lui procurait, mais depuis qu'elle avait goûté à son monde elle ressentait comme un besoin de toujours surpasser ses limites. En cet instant, dans cette tour mondialement connue, elle allait vivre un des grands moments de son histoire et elle en était parfaitement consciente. Parce que Cyrus était à ses trousses & que Cyrus, lui, il déconnait pas.
Nastasia avait connu Cyrus à son arrivée à Tokyo. Il était le lien qui la reliait directement à la police, le cousin de sa mère, inspecteur, qui les avait aidés à s'intégrer à leur arrivée au Japon. Durant l'enfance de la jeune fille, il avait joué le rôle d'un oncle absent mais aimant, le tonton chauve qui laissait la petite jouer avec le pistolet déchargé, vide et la sécurité activée. Et puis, Nastasia s'était faite agresser à l'école et Cyrus avait porté plainte pour elle : à cette époque là, elle venait tout juste de rencontrer Hiro et il était déjà un héros pour elle, il l'avait protégée des autres lycéens et elle lui en était indéfiniment reconnaissante. C'était là qu'elle avait sorti son premier mensonge à la police, le premier d'une longue liste : elle avait dit que c'était un autre de ses camarades qui l'avait protégée, avait écarté Hiro de l'affaire à sa demande. Cyrus, lui, s'était retrouvé embêté de devoir dire à sa petite amie, Kanzaki, qu'il avait perdu la piste qu'il pensait avoir trouvé sur l'affaire de Green dont elle venait d'être chargée et qui semblait être une impasse. Une chose en entraînant une autre, il avait fini par être chargé du dossier de la disparition de sa "nièce". Savait-il qu'elle avait à ce point changé ?
L'ascenseur s'arrêta un étage en-dessous du restaurant et Nastasia sortit rapidement. Un dédale de couloir plus tard, elle se glissait dans le vestiaire du personnel - deux personnes, un homme et une femme. Si elle attaquait l'homme en premier, la femme aurait le temps de crier et de la faire remarquer ; si elle attaquait la femme, l'homme pouvait la bloquer. Elle n'avait pas le choix. Silencieusement, elle sortit son arme de sous sa robe et y glissa le silencieux. Ce fut rapide et sûrement sans douleur. Dès que l'homme fut touché, il s'écroula à terre les yeux dans le vague - la fille était trop choquée pour crier, Nastasia se glissa furtivement derrière elle et brisa sa nuque avant qu'elle n'ait le temps de se rendre compte de quoique ce soit. Quelques instants plus tard, la rousse avait enfilé son nouveau costume de soubrette tout propre et laissé les deux corps sans vie derrière elle. Prochaine étape : le monte-charge qui allait de la cuisine au restaurant. Comme elle l'avait pensé, aucun serveur ne prêta attention à son identité tant qu'elle avait son habit de travail et elle passa chaque porte avec une assurance qui lui aurait sûrement valu un oscar en tant qu'actrice. Une fois dans la cuisine, elle se posta à côté d'un réfrigérateur et consulta sa montre. Quatre... Trois... Deux... Un... Une alarme stridente retentit dans toute la salle et les cuisiniers se précipitèrent à l'extérieur. Nastasia n'eut même pas besoin de les suivre et atteignit facilement le monte-charge qu'elle enjamba après avoir pris un couteau dans un des établis. Six coups plus tard, le maigre couvercle qui séparait le monte-charge de l'étage du dessous était éviscéré et la jeune fille n'eut qu'à donner un coup de talon pour faire tomber le faux plafond en dessous. Elle sauta sans hésiter et un immense sourire se colla sur son visage lorsqu'elle vit le magnifique bureau dans lequel elle venait d'atterrir. Le mec ne se refusait rien : magnifiques canapés en cuir, bureau d'époque en bois massif, imposantes bibliothèques le long des murs, table de billard sûrement hors de prix, fenêtres à double teinte donnant une vue magnifique sur la ville, le port, le pont et l'Opéra de Sydney. Elle fut coupée dans son admiration par la double porte qui s'ouvrit brutalement sur deux hommes - désarmés, remarqua immédiatement la jeune fille. Elle dégaina son arme et tira deux fois sans que son bras ne cille et les hommes s'étalèrent à terre. Qu'on vienne pas la faire chier alors qu'elle était près du but. La jeune fille contourna le bureau et ouvrit chaque tiroir. Elle fut impressionnée par le nombre de dossiers qu'elle pourrait prendre en plus de celui qu'elle était venue chercher : ce bureau était une véritable mine d'or. Elle jeta un regard autour d'elle, remarqua un sac dans un coin et le posa avec fracas sur le bureau pour le remplir des dossiers mais, lorsqu'elle l'ouvrit, elle eut l'agréable surprise de trouver plusieurs liasses de beaux billets neufs. Pas mal... Comme si ce mafieux avait su qu'elle allait venir et lui avait laissé des cadeaux partout dans la pièce : Pâques version guerre des gangs.
Un mouvement près de la porte attira son attention et Nastasia braqua immédiatement son arme - elle se retrouva avec la tête de Cyrus en joue, qui lui même la visait.
- Baisse ton arme, Nastasia...
- T'es drôle toi, pour me faire descendre ? Baisse ton arme et laisse moi partir, tu ne m'as pas vue et tout se passera bien
, lui répondit-elle du tac au tac avec assurance.
Sans quitter Cyrus des yeux & du bout de l'arme, elle rangea rapidement le plus de dossiers possibles dans le sac déjà rempli d'argent et le ferma avant de le prendre en main. Cyrus, lui, réfléchissait à toute vitesse et faisait le rapport entre les affaires dans sa tête.
- Mais bien sûr... Je suis con ! s'exclama-t-il.
- Wow, espérons que ce soit pas de famille.
- Bien sûr que c'est toi, depuis le début ! La mystérieuse coéquipière de Green, c'est toi, hein ? J'arrive pas à croire que je sois passé à côté de ça. Kira, merde ! C'est ton deuxième prénom, j'étais là quand ta mère l'a inscrit sur ton registre de naissance et j'ai été incapable de savoir que la mystérieuse Kira c'était toi, Kira-Lise, ma petite Nastasia !
- Ah, oui... Effectivement
, répondit la jeune fille au bout d'un instant. Ca bouillonne tranquillement quand même dans ton esprit hein, on dirait pas comme ça mais quand tu veux tu sais carburer !
- Tu sais que tu n'es pas obligée de faire ça
, répondit Cyrus du tac au tac. Ta mère te cherche, ma chérie, je ne veux même pas imaginer ce que ces ordures t'ont déjà fait faire mais je suis sûre qu'on peut trouver un arrangement et te faire rentrer à la maison, tu pourrais peut-être même repartir à Kalotaritissa, je me souviens que tu adorais cet endroit.
- Personne ne m'a forcé à rien, je suis très contente de ce que je suis devenue. Et ne m'appelle pas ma chérie, je suis loin d'avoir encore huit ans et j'en sais plus sur toi que tu ne l'imagines, ne traite pas ma famille d'ordures alors que toi-même t'en es un bel exemple, Monsieur "je me fais payer pour fermer ma gueule sur les agissements de la Mafia".

Un silence s'installa mais Nastasia renchérit rapidement.
- Au fait, comment va ta copine ? Je crois que la balle que je lui ai tiré dans le bras l'a salement amochée, j'aimerais pouvoir te demander de lui adresser mes plus prompts rétablissements mais je pense pas que tes jambes pourront te porter jusqu'à elle. Je pourrais peut-être essayer de vous enterrer au même endroit ? Enfin, je peux rien te promettre mais je connais quelques personnes, je pourrais jouer des coudes pour te faire une petite place de rêve aux Caraïbes avec elle. Une mort de rêve, tu vois le genre ?
- Ah, alors tu es comme ça maintenant ? Tu tues même les membres de ta famille ? Vas-y, essaie. Je suis sûr que t'en es incapable. Tu seras toujours ma pe -

Coupé dans sa phrase. La balle avait atteint son poumon et il suffoqua un instant en la regardant, choqué. Elle-même n'était pas trop sûre de ce qu'elle faisait mais c'est avec un regard assuré qu'elle lui répondit.
- Tu vois, tu m'as tenté, c'était plus fort que toi. Je me chargerais de transmettre moi-même mon message à ta copine, t'en fais pas pour ça.
Son "oncle" laissa sa tête retomber sur le côté et son corps fut bientôt inerte. Le sac en main, Nastasia l'enjamba et sortit rapidement du bureau par la grande porte. Il ne lui restait que quelques minutes avant que la police ne débarque à cause de la fausse alarme lancée dans la cuisine du restaurant de la tour. Elle entra dans un ascenseur déjà ouvert et tapa frénétiquement du pouce sur le premier sous-sol.
Dix minutes plus tard, elle était en voiture avec Hiro. Deux autres gros hummer noir les suivaient mais ils étaient seuls dans l'habitacle qui filait droit vers le centre du pays, phares éteints dans la nuit. Ils pourraient atteindre un aéroport privé dans moins de quinze minutes, duquel ils décolleraient pour rentrer à Shanghai, leur nouveau gros marché.
- Il te reste combien de balles ? demanda innocemment Green en baissant le son de la radio qui crachotait plus qu'autre chose.
- Deux.
- J'étais pourtant sûr qu'il ne devait y avoir personne au sous-sol pendant le retour...
- Mal calculé, sûrement,
répondit Nastasia en haussant les épaules. Arrête toi.
- Quoi ?
- Arrête la voiture ! Tout de suite !

Green fit une embardée dans le désert et la jeune fille n'attendit même pas qu'il fusse à l'arrêt pour ouvrir la portière et balancer sa tête au-dehors, vomissant avec bruit. Hiro leva les yeux au ciel et se pencha pour ramener les cheveux de Nastasia derrière son visage. Quelques instants plus tard, elle relevait la tête, les yeux embués de larmes. Le jeune homme chercha au hasard sur la banquette arrière de quoi la nettoyer, fouilla dans le sac derrière lui et en ressortit une liasse de billets dont il en détacha quelques-uns avant de les lui tendre en souriant.
- Encore malade ? Je pensais que ça allait mieux.
- Hm, ça ira mieux quand on sera sorti de ce pays de malades.
- Je pensais que tu aimais l'Australie.
- A croire que tu penses tout faux en ce moment.
- Si, si, je suis sûr que tu m'as dit que tu adorais l'Australie un peu après qu'on se soit rencontrés.
- Hiro, arrête. On s'en fout !

Elle avait coupé court à la conversation et un lourd silence s'installa dans le véhicule, seulement entrecoupés des gazouillis de la radio. Green redémarra et se relança sur la route, Ass qui s'était arrêté derrière lui le suivit. Une seconde plus tard, il recevait un SMS. « Encore Kira qui gerbe ? Le mal des transports fait mal, c'est l'cas d'le dire. On fait une course jusqu'à l'avion ? » Les deux amants s'adressèrent un regard complice et Green appuya sur l'accélérateur, faisant vrombir le moteur.

N. Kira-Lise Gakas

N. Kira-Lise Gakas

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GAKAS, nasty ϟ « wicked soul » _
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MessageSujet: Re: GAKAS, nasty ϟ « wicked soul »   GAKAS, nasty ϟ « wicked soul » EmptyVen 14 Jan - 17:21

YOKOHAMA - JAPON. 30 JUILLET 2007.
(HEURE DU GREMLINS ENTRE LES CUISSES)
Nastasia supportait difficilement ce mal de dos incessant. Elle se redressa difficilement sur son lit, se leva en s'appuyant à son guéridon et se traîna dans l'appartement jusqu'à la cuisine en jetant un regard dans chaque pièce vide. Une fois son médicament ingurgité, la porte d'entrée claqua.
- Maman ? Maman, c'est toi ?
- Oui, chérie !

La jeune fille caressa son ventre en soupirant de soulagement et desserra sa main du tiroir où se trouvaient les couteaux, toujours prête à se défendre. Sa mère déboula dans la cuisine et l'embrassa sur la joue avant de sortir une petite boite en carton du sac en plastique qu'elle tenait.
- Maman...
- Oui je sais, on en a déjà parlé, mais tu penses pas qu'il serait content que tu sois blonde quand il arrivera ?

Nastasia soupira et prit la coloration des mains de sa mère en le jetant à la poubelle avant de se remettre en face d'elle.
- Maman, mon fils n'en a rien à foutre de la couleur qu'auront mes cheveux quand il sortira, s'il respire c'est déjà pas mal, je préfère vraiment qu'il se concentre sur ça. Je ne veux pas redevenir blonde, c'est clair ? Et puis, Green me préfère en rousse.
- Green par ci, Green par-là ! Je n'arrive même pas à croire que tu lui aies donné la clé de notre appartement, je vais devoir refaire faire notre serrure ! Je pensais qu'en acceptant que tu reviennes ici quand ta... ta grossesse a été problématique, j'avais été claire sur certains points ! Est-ce que tu te rends compte de ce que tu me fais subir ?

Nastasia ne prit même pas la peine de lui répondre et haussa les épaules en retournant dans sa chambre, soutenant son dos avec ses bras. Néanmoins, elle revint quelques secondes plus tard.
- Maman, je crois que le bébé arrive.
- Oh... Oh.
- Oui, oh ! Il faut appeler Green.
- Hors de question ! Hors de question que ce chenapan soit présent à la naissance de mon pe -
- MAMAN ! Appelle Green tout de suite, je suis vraiment, vraiment pas à terme.

Le reste se passa dans une ambiance très étrange, à la fois très rapide et intensément longue. Le trajet jusqu'à l'hôpital était ponctué par les exclamations de la mère de Nastasia sur la conduite d'Ass qu'elle jugeait incontrôlée pendant que Green caressait doucement le front de sa petite amie en l'épongeant.
- Mais où est-ce que vous allez ?! s'exclama pour une n-ième fois la future grand-mère.
Sa question resta sans réponse mais bientôt ils s'arrêtèrent devant un immeuble délabré. Green sortit immédiatement en portant Nastasia entre ses bras qui gémissait maintenant de douleur à chacun de ses pas. Son esprit était embué, elle savait qu'elle devait garder le bébé en elle pour qu'il survive mais il lui faisait terriblement mal, même le corps chaud de Hiro contre elle qui avait toujours su la soulager n'était qu'un maigre réconfort.
- HACHI ! Hurla Hiro en pénétrant dans l'immeuble et en déposant Nastasia dans la première pièce.
Devancé par deux sages-femmes à l'air affolé, Hachi pénétra arme en avant dans la pièce. Les deux femmes, en voyant Nastasia, se mirent rapidement au travail pendant que Dick & Ass s'occupaient de garder la mère de la jeune fille à distance.
- Il ne doit pas naître... Il ne doit pas naître, répétait Nastasia aux deux femmes.
Ces dernières murmurèrent et l'une d'entre elles rejoignit Hiro.
- Monsieur, nous devons absolument sortir le bébé ou aucun des deux ne survivra.
Le reste était complètement flou pour Nastasia. Elle se souvenait d'avoir eu mal, tellement mal qu'elle voulait mourir, maudire toutes les personnes qui l'entouraient et ne l'entouraient pas. Elle regrettait le temps où elle apprenait à se battre et se plaignait des coups qu'elle recevait et lui faisaient des hématomes sur tout le corps que Hiro pansait lorsqu'ils étaient seuls. Elle voulait que le bébé sorte et elle voulait surtout qu'il vive. Elle avait été incapable d'assumer sa grossesse, elle avait voulu jouer les filles invincibles et le bébé s'en était pris plein la tête. Elle s'était calmée trop tard mais maintenant, elle regrettait, elle voulait que Dieu existe pour pouvoir lui demander de faire vivre son fils, de lui permettre d'avoir une existence décente et de ne pas le blâmer pour les erreurs de sa mère. Et puis, elle avait entendu un cri et s'était évanouie.
Lorsqu'elle s'était réveillée, seul Dick lui tenait compagnie. Dès qu'il la vie s'éveiller, il sortit de la pièce et revint avec Green et une des sage-femmes. Le jeune homme ne se retint même pas et l'embrassa passionnément dès qu'il croisa son regard. Immédiatement, Nastasia devint pressante.
- Est-ce que, est-ce qu'il -
- Oui. J'ai pas voulu lui donner de nom avant de te consulter
, lui répondit Green en lui souriant et en caressant ses cheveux.
Le coeur de la jeune fille se gonfla d'un coup et ses yeux s'emplirent de larmes de bonheur. Le regard perdu de son petit ami la ramena rapidement à la réalité.
- Il y a un problème ? Demanda-t-elle, paniquée.
- Il a... une malformation. Plutôt une maladie, mais je saurais pas te dire son nom, je sais juste que ça va lui faire mal. Ca attaque principalement ses os mais tous ses organes vont être touchés. Pour le moment, il va bien - c'est une maladie qui va l'attaquer progressivement, ils pensent qu'il atteindra le stade final de la maladie vers sept ans.
Le visage de la jeune fille se décomposa. Connard de Dieu, t'étais obligé de la jouer tordu hein.

ANÁFI, NISOS ANAFI - GRÈCE. 13 SEPTEMBRE 2009.
(HEURE DU SANGLIER AUX AILES D'ACIER)
Décidemment, le vent ne cessait de souffler sur la petite île de Nisos Anafi. En général, ces bourrasques apparaissaient pendant une période de trois à quatre jours et empêchaient tout déplacement vers les îles alentours et par conséquent tout le monde extérieur. Dans la petite cabane qui l'abritait, assise nue sur le lit dont le drap la recouvrait à peine, légèrement frissonnante mais trop perdue dans ses pensées pour le remarquer, Nastasia se demanda dans combien de temps elle pourrait rejoindre un aéroport et retourner à New York. Une main entoura ses hanches et elle serra avec automatisme cet intervenant dans sa propre paume.
- Nasty, on doit en parler... murmura Hiro.
- Je t'ai dit que je ne voulais pas.
- Je vais t'en parler quand même.
- Ça ne servira à rien. Ça ne changera rien.
- Hachi a trouvé un chaton dans la rue, il y a quelques semaines,
enchaîna immédiatement le jeune homme. Il était déjà apprivoisé, juste perdu. Forcément, Hiroshi l'a tout de suite adoré, ils sont devenus inséparables. Il a appelé le chaton Akira et je crois que je ne fais que les voir ensemble depuis qu'il est à la maison. Il sait marcher, maintenant, mais il a plein de griffures parce qu'il sait pas tenir l'animal dans ses bras sans l'étouffer. La plupart du temps, c'est Dick qui le soigne, au moins son diplôme d'infirmier lui sert à autre chose qu'à soigner nos blessures de guerre. D'ailleurs, Hiroshi adore écouter aux portes quand on parle de nos missions - je n'aime pas trop ça, ça ne me plaît pas qu'il baigne dans ce milieu alors qu'il mériterait beaucoup plus. Tout ce que je voudrais, c'est que -
- Arrête...

Un long silence s'installa. Nastasia essuya avec honte les quelques larmes qui perlaient au coin de ses yeux.
- Arrête, s'il te plaît. Je t'ai dit que je ne voulais pas le prendre, on était d'accord dès le début. Hiro, tu m'as dit que tu avais compris !
- Et toi tu es revenue ! Qu'est-ce qu'on fait là, tous les deux, perdus au milieu de la Méditerranée alors que je suis l'ennemi numéro 1 de la Mafia & de la police et que tu joues les kleptomanes en te faisant passer pour une livreuse ? Ça fait plus de deux ans, Nasty... Tu pourrais revenir, tout le monde serait content de te retrouver. Tu nous a tous marqués, moi le premier. En te faisant pénétrer dans notre cercle, en plus de nous permettre de parcourir tout le chemin qu'on a parcouru, tu nous a appris à nous comporter comme les membres d'une même famille, unie et solidaire. Et puis, tu as vraiment une famille, tu m'as moi et tu as Hiroshi...

Nastasia n'osait même pas regarder son amant. Deux ans auparavant, juste après avoir accouché d'un fils déjà condamné à mort, la jeune fille avait cédé aux propositions de sa mère de lui offrir une autre vie, un nouveau départ. Détruite par l'annonce de la maladie de son fils et incapable de gérer la situation, elle avait fini par ne plus vouloir que quitter le Japon, la Mafia, s'éloigner de son fils et même sacrifier son amour pour Hiro. Ce dernier l'avait accepté : il était lui-même profondément bouleversé par la naissance de Hiroshi et les complications qu'elle avait entraîné et il était prêt à prendre soin de lui si Nastasia s'en sentait incapable. Ils avaient tous joué de leurs relations pour faire disparaître la jeune fille de la surface de la Terre - elle avait même pu garder son nom d'origine, son casier judiciaire et sa disparition n'étaient eux que de mauvais souvenirs bien enfouis. Quant au choix de New York, c'était la ville parfaite : idéal pour se cacher, entourée par des milliers d'autres personnes aux secrets sûrement aussi terribles que le sien et aux âmes corrompues jusqu'à la moelle qui ne posaient même plus de questions. Quitter son fils n'avait pas été un problème - contrairement à l'instinct de protection qui l'avait habitée lors de ses derniers mois de grossesse, elle n'était même plus sûre d'éprouver quoique ce soit d'autre que des remords et de la culpabilité à son égard. Pour Hiro, c'était une autre affaire... Leurs adieux avaient été loin d'être déchirants, un dernier baiser et elle passait les portes de l'avion, refusant de tenir une dernière fois son fils tout juste né dans les bras, mais dans leurs cœurs une véritable et béante plaie venait de s'ouvrir. Une fois en Amérique, Nastasia se débrouilla plutôt bien. Dès ses premières semaines, elle fut attirée par un collier chez une de ses voisines. Ce qui n'était d'abord qu'un vol mineur devint au fil du temps une habitude, puis un véritable gagne-pain. Elle qui avait appris à être une véritable panthère durant ce qu'elle appelait désormais sa "période bio" pour expliquer à ses amis ce qui l'avait amenée à New York pouvait mettre tous ses talents à l'action. Au bout de deux ans, elle s'était fait une véritable fortune et c'est avec un peu trop d'impulsivité et d'ingénuité qu'elle avait repris son pseudo, Kira, auprès de ses tous nouveaux contacts. Et puis, au bout de deux ans, elle avait retrouvé un bout de papier dans ses vieilles affaires, le numéro de téléphone duquel Green lui avait promis qu'elle était la seule à posséder et auquel il répondrait toujours. Aussi curieuse de savoir si il avait toujours le téléphone que désireuse d'entendre cette voix qui ne faisait plus que lui murmurer ses dernières paroles en rêves, elle avait rapidement composé le numéro. Il avait répondu à la quatrième sonnerie, d'une voix essoufflée et étonnée. Il venait de rentrer d'une mission, il était surpris qu'elle l'ait appelé. Elle l'était aussi, elle le lui avait avoué. Lorsqu'elle avait entendu les gazouillis lointains d'un bambin près de Hiro, elle avait abrégé la conversation et lui avait donné un rendez-vous ici, au milieu de nulle part.
- J'ai changé, Hiro. J'ai l'impression que ces années que j'ai passé avec toi m'ont transformé en une personne que je ne veux absolument pas redevenir... On a un fils, et par ma faute et à cause de l'attitude & du comportement que j'avais à l'époque, il a une épée de Damoclès au-dessus de la tête et il n'y a absolument rien que nous puissions faire. J'ai tué quelqu'un que je considérais comme mon oncle sans ciller, je me souviens même de cette fois où j'avais pris plaisir à torturer Woo, de la mafia chinoise. J'étais un monstre... et j'en suis peut-être toujours un. A vrai dire, j'ai encore tué, New York est loin d'être une ville à une seule facette et j'ai dû me faire respecter mais la Kira que j'étais avant la naissance de Hiroshi, personne ne veut la voir revenir, pas même toi et sûrement pas notre fils. J'ai eu une opportunité, Hiro, en partant à New York je me suis offerte une nouvelle vie et je vais peut-être te paraître égoïste mais je m'y plais et même si il y a toujours des hauts et des bas, je ne veux pas changer un seul aspect de ma vie actuelle.
Elle aurait tout aussi bien pu lui dire qu'elle l'aimait toujours, qu'elle l'aimerait sûrement toujours, s'excuser d'être incapable d'aimer Hiroshi comme il semblait le faire avec tant de naturel, d'être aussi égoïste et de vouloir se conserver aux dépens de ceux qui pensaient l'aimer, mais elle se contenta de se tourner vers lui et de lui adresser un regard triste et désolé avant de l'embrasser tendrement sur le front, puis sur les lèvres, et de se lever.
- Où est-ce que tu vas ?
- M'habiller. Le vent ne va pas tarder à se lever, je peux être à New York avant demain.

KYÕTO - JAPON. 9 OCTOBRE 2009.
(HEURE DE LA KANZAKI PAS CONTENTE)
Cela faisait au moins cinq heures que Miyako Kanzaki était assise devant son bureau, le regard fixé sur son tableau qui n'avait plus aucun sens. Depuis qu'elle avait malencontreusement enfermé un baron de la Mafia en garde à vue, un an et demi auparavant, elle avait été plus que rétrogradée et même si sa seule affaire restait celle de Green, on lui cachait la plupart des informations reçues. Le téléphone ne sonnait même plus : difficile de faire plus plongeant, comme dégringolade de carrière. Non, tout ça n'allait vraiment pas. Elle devait tout reprendre depuis le début. Elle se leva d'un coup et retira avec précaution chaque post-it, photo et plan qu'elle avait accroché pour s'emparer d'un marqueur et filer aux archives récupérer les dossiers sur Green.
D'abord, l'homme, l'un des plus recherchés de la planète qui étonnait par sa montée en flèche alors qu'il n'était qu'un gamin des rues. Nom inconnu, âge inconnu, lieu et date de naissance inconnus. Père inconnu, mère prostituée, une petite soeur - c'était là que ça devenait intéressant. Dès ses débuts, Green avait connu des adversaires : les Cinq, principalement, un autre gang qui exerçait exclusivement mais avec pression sur le Japon. Kanzaki avait toujours été studieuse et elle savait parfaitement comment ça marchait, chez eux. Tu tires dans mon pote, je tire dans ta copine, tu voles ma voiture et je découpe ta petite sœur en morceaux. La pauvre gamine avait à peine eu le temps de sortir de chez elle qu'elle avait fini dans une poubelle du quartier, bien en évidence en marque de provocation. Green avait été fou de rage et, le lendemain, une voiture dans laquelle venait de monter l'un des cinq chef des Cinq explosait en plein centre de Tokyo. Un véritable carnage, on n'avait retrouvé que des cendres. Un autre ennemi de Green : la Mafia. A côté d'un post-it affichant "Les Cinq", Kanzaki plaça une photo de Matteo Denaro. La mafia Italo-australienne avait beau ne pas être une des plus réputées, Green avait su titiller leurs parties intimes puisqu'ils avaient envoyé une tueuse à gage aux trousses du mystérieux caïd quelques années auparavant - tueuse à gage, notée, Australie, noté, ... Cyrus. Kanzaki s'arrêta un instant après avoir épinglé une photo de son défunt petit-ami et fouilla dans un carton pour en ressortir fièrement un enregistrement qu'elle écouta. « Miya, c'est Cyrus. Ecoute, je suis à l'AMP, tu avais raison, ils sont là. Je... Je dois la rattraper, je te rappelle dès que j'en saurais plus. Je t'aime, et tu sais que je déteste quand tu oublies ton téléphone à la maison. » Elle... Qui était-elle, au juste ? Elle était la grande énigme - Kira. Kanzaki griffonna son nom sur un post-it suivi d'un point d'interrogation et hésita sur la place où elle devait le coller - près de Cyrus, de Matteo ? De la petite soeur ? De Green ? La sonnerie de son téléphone l'interrompit et elle sursauta de surprise avant d'étouffer un juron et de décrocher.
- Kanzaki ?
- Bonjour, Miyako, c'est... C'est Marco, des archives ? Je suis désolé, j'ai l'air de vous déranger...
- Oh, non non, absolument pas,
répondit immédiatement la policière en collant le post-it au centre du tableau pour s'en débarasser. Est-ce que tout va bien ?
- Oui, je vous appelle parce que je viens de tomber sur quelque chose qui a attiré mon attention pendant que je rangeais les dossiers sur l'affaire Rosenstein.
- Le mafieux russe ? Qu'est-ce que ça a en rapport avec moi ?
- Je peux vous apporter le dossier ?

Dix minutes plus tard, Marco quittait le bureau de Kanzaki qui ouvrait le dossier. Après quatre pages de son casier judiciaire, la femme n'apprit rien de plus que ce qu'elle savait déjà : ce trafiquant d'armes était très proche de Yukov, le grand parrain de la mafia russe, et était une belle ordure sans pitié. Cependant, dans les pièces jointes qui suivaient, un papier attira l'attention de la détective. Sur un certificat de mariage russe, Marco avait entouré au marqueur rouge le nom de la mariée, incompréhensible pour Kanzaki, et avait écrit en lettres majuscules NELL GAKAS en-dessous. Kanzaki leva immédiatement son regard vers le tableau. La cousine de Cyrus ? Qu'est-ce qu'elle foutait là ? En abordant cette fois le dossier de Nell que Marco avait gracieusement joint (qui était quand même fortement chanceux de s'être souvenu d'une recherche qui datait de plus de quatre ans), elle trouva une vieille photocopie tâchée de gouttes de pluie et de traces d'humidité. Un acte de naissance, de mère Nell Gakas et de père inconnu - Na...sia K..., sûrement la petite blonde disparue. Oh, tiens, d'ailleurs, elle pouvait distinguer qu'aujourd'hui même était le jour de son anniversaire.
Et puis soudain, ça fit tilt. Kanzaki se rua presque sur ses étagères pour retrouver le dossier de la petite Gakas et, lorsqu'elle le trouva enfin, elle enjamba les dossiers qu'elle avait négligemment fait tomber et l'ouvrit pour tomber immédiatement sur ce qu'elle n'osait même plus chercher. Nastasia Kira-Lise Gakas. Kira. Alors la petite blonde était... Non ! Tout s'expliquait ! Tout un film déroula dans la tête de la policière : le fait qu'elle ai toujours trouvé que l'histoire de son agression au lycée ne tournait pas rond ; le petit G qu'elle s'était fait tatouer sous le poignet et qu'elle avait dit être l'initiale de son nom de famille ; sa présence à l'hôpital après un accident entre une voiture de police et une voiture des sbires de Green ; la mystérieuse voiture rouge qui correspondait exactement à la voiture dans laquelle se déplaçait souvent monsieur l'inconnu qu'elle avait vu passer plusieurs fois devant chez Nell lorsque Cyrus & elle venaient lui rendre visite ; le fait que Nell ait subitement coupé tout contact peu avant qu'on lui retire l'affaire de la disparition de sa fille alors qu'elles s'étaient rapprochées après la mort de Cyrus ; l'extension de l'influence du clan de Green qui correspondait approximativement à la date de disparition de Nastasia... Et si c'était elle que Cyrus voulait rattraper à Sydney ? Et si... c'était elle qui l'avait tué ? Non, Kanzaki ne pouvait pas l'envisager... Après un message à Marco « Tu peux me sortir tout ce que tu as de récent avec le mot-clé Kira ? », elle reçut les photocopies d'une série de rapports sur le démantèlement d'un trafic d'oeuvres d'art aux Etats-Unis. Kira était cité comme l'un des plus actifs fournisseurs.
Bingo.
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MessageSujet: Re: GAKAS, nasty ϟ « wicked soul »   GAKAS, nasty ϟ « wicked soul » EmptyVen 14 Jan - 17:21

THE BRONX - NEW YORK. 15 MAI 2010.
(TARD DANS LA NUIT, HEURE DU HIBOU QUI PÉTILLE)
Un silence lourd s'était installé dans la petite maison de Nastasia qui s'était levée de son siège et faisait maintenant face à la fenêtre donnant sur la rue. La jeune blonde savait désormais exactement pourquoi Kanzaki voulait absolument la retrouver et était prête à tout pour obtenir des informations sur Green. Cependant, Kanzaki savait également qu'au fond de Nastasia il restait toujours une part de Kira qui l'avait fait devenir cette voleuse de la nuit.
- Alors, tu n'ouvres pas cette lettre ? demanda finalement Kanzaki.
Nastasia ne bougea pas pendant un long moment avant de se décider à se retourner.
- Pour qui est-ce que vous vous prenez, au juste ? Réglez votre affaire toute seule, vous n'avez aucune preuve tangible contre moi à part un pseudo qui, oh hasard, correspond à mon second prénom. Et puis vous êtes très en dehors de votre juridiction.
Foutaises ; elle venait de lui dévoiler la partie la plus intense de sa vie, elle venait déjà de lui donner assez d'informations en lui racontant le strict minimum et, rien qu'avec ça, elle espérait de tout son coeur que la détective avait été d'une quelconque manière que ce soit touchée par l'histoire de la jeune fille, au moins assez pour ne pas agir stupidement contre ceux qu'elle aimait comme sa famille. Kanzaki ne sourcilla pas, se leva également et prit la lettre posée sur le buffet. Immédiatement, Nastasia fondit sur elle pour la lui prendre des mains.
- Lâchez-ça et mêlez-vous de vos oignons.
Elle garda la lettre et s'éloigna de nouveau. Que lui voulait-elle, au juste ? Elle savait très bien qu'elle ne ferait jamais rien qui puisse aller en défaveur de Green. Même s'ils n'étaient plus ensemble, même s'ils n'entendaient plus parler l'un de l'autre, le lien qui les avait un jour unis resterait toujours gravé en elle.
- Et sinon, reprit Kanzaki d'une voix plus douce, est-ce que tu lui en veux, des fois ? A Green, je veux dire... De t'avoir métamorphosée de la sorte, de t'avoir fait faire tout ça, de t'avoir entraînée dans toutes ces histoires ?
- Non
, répondit instantanément Nastasia. A vrai dire, je crois que c'est plutôt le contraire et qu'il a donné un sens à ma vie. Si j'étais restée cette petite lycéenne perdue, je ne serais sûrement pas allée bien loin. Je n'aurais pas vécu tout ce que j'ai vécu, je crois que finalement je voulais presque tout ce qui m'est arrivé. Hiroshi... Il n'était pas prévu dans le plan. Qu'est-ce qu'on aurait fait, tous les trois ? Quel portrait de famille... Je sais que Green s'occupe de lui à contre-coeur, qu'il ne le fait que parce qu'il est notre enfant... Ca fait mal, hein ? Un gosse qui brise un amour, qui fait fuir la mère, heureusement qu'il n'aura pas le temps de comprendre tout ça... Mais non, à part cette partie là je pense ne rien regretter.
Alors, Nastasia déplia lentement l'enveloppe qu'elle tenait à la main et en sortit une liasse de papiers pliés et froissés. La plupart des feuilles étaient emplies de dessins, certains étaient enfantins & montraient des suites de gribouillis confus. Le dernier dessin, en revanche, devait avoir été écrit par Hiro tenant la main d'Hiroshi. Un « C O M E B A C K T O M E » à l'écriture tremblotante mais au message poignant. Les larmes envahirent immédiatement les yeux de Nastasia qui les essuya avec sévérité avant de se tourner de nouveau vers Kanzaki.
- Ecoutez, je sais pourquoi vous êtes là et je sais ce que vous attendez de moi, mais est-ce que vous vous êtes déjà demandés si vous étiez dans le bon camp ? Vous vous tuez à la tâche à essayer de démasquer Green et de le mettre sous les verrous mais est-ce que finalement vous n'avez pas le même ennemi, cette police et ces Etats corrompus par les trafics et la Mafia ? Certes, je ne vais pas jusqu'à dire qu'on a été des enfants de coeur et je suis sûre que Green continue sa petite routine de caïd mais est-ce que c'est vraiment ce que vous voulez ? Donner à ceux qui n'hésiteraient pas une seule seconde à vous descendre l'opportunité de butter le seul mec qui a assez de couilles pour leur tenir tête ?
En sortant de chez Nastasia, la détective lui serra la main avant de la prendre chaleureusement dans ses bras. A vrai dire, elle ignorait si sa route allait un jour recroiser celle de la jeune fille mais elle l'espérait secrètement. Dans d'autres circonstances, peut-être. La blonde lui semblait être une personne à la fois très forte et très fragile, capable de supporter un passé loin d'être évident mais brisée par une histoire qu'elle n'avait pas sû contrôler. Néanmoins, il était sûr qu'elle était terriblement obstinée à l'idée de se donner une nouvelle chance.
Lorsqu'elle se retrouva dans la petite ruelle derrière l'hôtel new-yorkais qu'elle avait réservé pour la nuit avant de retourner à Kyõto le lendemain, Kanzaki avait posé à côté d'elle tous ses dossiers sur Green. Tout ce qui se rapportait à lui et aux investigations qu'il avait provoquées ces six dernières années. Ses pensées l'amenèrent à Cyrus, elle ignorait ce qu'il aurait pensé de tout ça et le conseil qu'il aurait pu lui donner. Elle frictionna l'allumette contre la boîte, la jeta sur la pile de dossiers qui prit lentement feu et observa avec mélancolie mais satisfaction son oeuvre. Dans tes dents, supérieur de mes deux.
N. Kira-Lise Gakas

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MessageSujet: Re: GAKAS, nasty ϟ « wicked soul »   GAKAS, nasty ϟ « wicked soul » EmptyVen 14 Jan - 17:54

Oh my god, babe... Si tu savais comme j'aime te voir ici **
Sephie Autumn Forbes

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MessageSujet: Re: GAKAS, nasty ϟ « wicked soul »   GAKAS, nasty ϟ « wicked soul » EmptyVen 14 Jan - 18:06

Je t'admire tu sais 22 T'écris vraiment trop bien 22
Et bienvenue Arrow
Anthéa L. Burrows

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MessageSujet: Re: GAKAS, nasty ϟ « wicked soul »   GAKAS, nasty ϟ « wicked soul » EmptyVen 14 Jan - 18:54

Anthéa L. Burrows a écrit:
Je t'admire tu sais 22 T'écris vraiment trop bien 22
Et bienvenue Arrow

Je plussoie 100000000 fois 22 T'es géniale love XD
Innocence L.O. Terrence
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MessageSujet: Re: GAKAS, nasty ϟ « wicked soul »   GAKAS, nasty ϟ « wicked soul » EmptyVen 14 Jan - 19:04

Anthéa L. Burrows a écrit:
Je t'admire tu sais 22 T'écris vraiment trop bien 22
Et bienvenue Arrow

    je te déteste moi Like a Star @ heaven (histoire de faire un peu de contraste dans tous ces messages Arrow)

    & dans ma tête, Gakas, ça sonne Jackass gla Arrow
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MessageSujet: Re: GAKAS, nasty ϟ « wicked soul »   GAKAS, nasty ϟ « wicked soul » EmptyVen 14 Jan - 19:23

Ca fait marque de chaussure aussi Arrow
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MessageSujet: Re: GAKAS, nasty ϟ « wicked soul »   GAKAS, nasty ϟ « wicked soul » EmptyVen 14 Jan - 19:44

OMG, merci x)
C'est la fiche la plus élaborée que j'ai jamais faite x)

Je vous aime (& te déteste -^-) aussi ♥
ET GAKAS C'EST TRES BIEN Ö
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MessageSujet: Re: GAKAS, nasty ϟ « wicked soul »   GAKAS, nasty ϟ « wicked soul » Empty

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