• • • •Chou, Andy, dis-moi oui, Andy. Chou, Chéri, dis-moi oui. Oh, oui. ♪ qui n’a jamais fredonné cette chanson au doux son de ce prénom. Andy n’est pas un garçon facile, Andy se méfie, mais putain Andy quand est-ce que tu vas lui dire oui ? Depuis le temps, il l’aurait dû le faire sérieusement. Andy ce n’était pas seulement une chanson, c’était aussi un prénom. Prénom porté généralement par un homme.
Quelque part dans New-York City, un atelier. Voici à cet endroit où nous nous trouvons un spécimen masculin, l’un des spécimens des Andy. Être humain fier cousin des toutes les espèces possibles et inimaginables de mammifères, à vrai dire je ne saurais vous en dire plus sur le gabaris qui se trouvait sous nos yeux. Mensuration, âge et autres informations croustillantes ou non n’étaient qu’inconnus pour moi. La seule chose que nous pouvions remarquer était semblerait-il son activité principal : la peinture. Artiste ou peintre amateur, peu importe, il faisait là de la peinture. Il mettait alors en place rapidement un jeu avec les couleurs. Nul ne savait pourquoi il optait pour ces choix colorés, pourquoi préférait-il prendre ce pinceau plutôt que l’autre qui se trouvait juste à côté de lui ou pourquoi peignait-il sur cette petite toile. Le seul qui pouvait nous répondre était lui. Lui. Le dénommé Andy. L’artiste faisait des choix que lui seuls pouvaient comprendre pleinement ; nous autre, spectateur de ses chefs d’œuvre ne faisait alors qu’émettre des hypothèses sur les pourquoi.
Le silence. Pesant et dominant à la fois. Pas un bruit ne s’échappait dans le studio qui servait alors d’atelier à notre peintre. Une toile entamée était là, restée seule, en compagnie de quelques pinceaux entrain de sécher et de durcir au contact de l’air. On pouvait chercher bien loin où le trouver. Trouver Andy. Pas un son ne venait cesser les bruits sonores extérieurs de la ville active nocturne. Le seul détail dans l’habitation qui pouvait nous attirer était cette lumière. Une lumière tamisée provenant d’une petite lampe posée à côté d’un fauteuil. Fauteuil où un homme y était avachi. Un verre d’alcool – sûrement - à la main. Nul doute, Andy. C’était lui. Notre artiste-peintre. S’accordait-il sûrement une pause ? Sans bouger, l’homme porta son verre délicatement à sa bouche. S’abreuvant de quelques gorgées alcoolisées. Les traits un peu rêveur, l’air défoncé, Andy semblait comme déconnecté de cette pourrie planète. Ses yeux étaient posés sur cette photo qu’il tenait à la main, une femme et un homme. Ce qu’ils avaient l’air heureux dessus. Son attention se portait plus particulièrement sur la ravissante demoiselle. Souriante, radieuse, magnifique. Petit à petit sa longue attention sur le Polaroid, les paupières d’Andy se fermèrent. Laissant alors apparaître des images passées. Une étrange sensation vint s’ancrer dans les veines du peintre.
«
Shalia, veux-tu m’épouser ? » dit Andy. Emue, touchée, la jeune femme ne sut quoi répondre à cette demande. Les yeux étincelant et l’air un peu gêné, elle répondit alors un timide «
oui ». Le mariage signe d’engagement avec la personne que l’on aime. Oui, il l’aimait Shalia, il l’aime sûrement encore. L’histoire était presque parfaite, bien trop parfaite pour y croire. Pour qu’Andy y croit. Il avait alors réussi à construire ce que jamais il aurait cru pouvoir batir un jour : une famille. Une fiancée, un enfant et bientôt un second, il avait tout pour être heureux. Tout, oui. Ce bonheur éphémère s’envola rapidement aux premiers faux pas de l’artiste. Ce dernier avait alors furtivement retombé dans les vices de la luxure. Un cercle vicieux dans lequel on avait vraiment du mal à s’en sortir. Quand sa future femme avait découvert son petit manège, ce fut comme ce château de cartes qu’on construit : tout s’écroula. En revoir famille, en revoir enfants, en revoir bien aimée. Ce qu’il avait réussi à bâtir en cinq ans devenu poussière en quelques fractions de secondes. Il avait suffit que de cela pour tout perdre. Tout, oui.
Une chorale vocale vint à cet instant cogner la tête du peintre. «
Andy… t’es vraiment le pire des enfoirés ! », «
putain, Andy, tu crains sérieux ! », « Andy… Andy ! … Andy ! Eh oh, il y a quelqu’un là-dedans ? ». Par un élan de surprise, il ouvrit les yeux. Regardant à droite, à gauche, puis à nouveau à droite, à gauche. Essayant tant bien que mal de se ressaisir, le beau brun remplit de nouveau son verre. La bouteille presque vide, un gâchis de ne pas la finir pensa-t-il. Alors il but de nouveau avec comme objectif de chasser ses réminiscences. Soigner un mal par un bien. L’alcool.
♣♣♣
Une histoire avec l’alcool qui avait commencé au cours de son adolescence. Une compagnonne fidèle à Andy depuis ces années. Il était alors à cette époque ce jeune garçon qu’on caricaturait souvent avec son carnet à dessin. Une autre longue histoire. On le voyait comme le garçon gentil, doux et rêveur qui s’adonnait à sa passion favorite : le dessin. Un jour alors qu’il rentrait plus tôt que prévu de l’école, notre artiste en herbe – à cette époque – se permit une petite pause à la supérette de la rue voisine. Endroit où merveilleusement une bouteille d’alcool tomba dans son sac. Du vol, oui, c’était un ‘crime’ qu’il venait de commettre là. Voler était mal lui répétait-on. Bien que cette phrase soit ancrée dans son cerveau, l’adolescent rebelle le fit tout de même. Tout souriant et ravi de son acte, il sortit de la supérette tout en jouant la comédie. Rapidement, il se mit à courir à toute vitesse jusqu’au lieu qui lui servait de maison. Son chez-lui en quelque sorte. Sans vraiment chercher si la maison était occupée, Andy accourut dans sa chambre. Là était son refuge. Son petit cocon. Il se dirigea vers son lit et se baissa. Regardant en dessous et y tirant une boîte. Etrangement, on put entendre des bruits de bouteilles qui s’entrechoquées. C’était sa petite cachette, son jardin secret : là où il cachait ses bouteilles, oui.
Les heures défilèrent et à vrai dire Andy ne devait pas être encore rentré. Des bruits de pas se firent entendre dans les escaliers. Il n’y avait pas de doute, quelqu’un devait être déjà entré. Alors que la marche du Daniels inconnu devait continuer, elle s’arrêta à la porte d’Andy. Sans vraiment réaliser qu’à tout moment la porte aurait pu s’ouvrir, le jeune garçon finit son verre de vodka. L’objet de notre attention –la porte- s’ouvrit, laissant alors apparaitre une ombre. Paniqué par ce qu’il venait de se passer, notre petit rebelle se précipita alors pour cacher sa boîte, sa bouteille entamée et son verre. A vrai dire, sans vraiment réfléchir, Andy prit un oreiller et le mit par-dessus son verre. Essayant tant bien que mal de le cacher. La personne qui était à l’origine de cet état de panique chez le jeune Daniels pénétra dans la chambre.
«
Oh Amaury c’est toi ! lança le jeune rebelle
-
Huum, oui… l’ainé de la fratrie s’approcha d’Andy, regardant avec curiosité ce qui se tramait dans sa chambre.
C’est quoi ça ? Je veux dire à côté de toi là… dit-il en désignant du doigt l’oreiller.
-
Hum… un oreiller, pourquoi ? Le regard insistant d’Amaury voulait tout dire. Il se doutait bien que ce n’était pas qu’un simple oreiller ou tout du moins que quelque chose se cachait dessous.
-
Laisse-moi tout te dire… mais s’il-te-plait ne dit rien à Papa et aux autres, Amaury ! Ca restera entre nous d’accord ? Un clin d’œil complice, Amaury avait donc décidé de garder ce secret pour lui. Ceci restera entre Andy et lui, entre Amaury et lui. Pourtant avec le temps, les années, les autres membres de la famille se doutèrent bien de l’affection si particulière du peintre pour l’alcool.
♣♣♣
Quelques années auparavant, c’était sa passion qu’il garda secrète pour le dessin que la grande et nombreuse famille Daniels découvrit. Une découverte qui avait mis longtemps mal à l’aise le petit Andy. C’est à l’âge de treize ans que celle-ci fit mis au grand jour. Alors qu’il était installé paisiblement sous un grand arbre, son petit frère Clay vient le voir. Un visage et des yeux remplis de curiosité s’affichaient alors.
«
C’est quoi ça ? Un dessin ?! et sans laisser la parole à Andy, le petit attrapa le carnet et le brandit fièrement en haut de sa tête.
J’vais montrer ça à papa ! -
CLAY ! Tu me redonnes ça tout de suite ! CLAY ! -
Je vais aller voir papa avant ! »
Et le petit Clay parti alors avec fierté à l’intérieur de la demeure des Daniels. Andy quant à lui faisait alors profil bas et suivit de loin son frère. Lorsqu’il entra dans la maison, les yeux de son père et du petit Clay se déposèrent sur lui. Et tel un fautif, Andy s’approcha timidement du fauteuil où son père était assis.
«
Papa… laisse-moi t’expliquer ! C’est pas ce que tu crois ! Tu sais j’allais t’en parler, hein ?! -
C’est toi qui a fait ça ?-
Oui, papa. Dit Andy la tête baissé comme s’il avait honte d’avoir fait cela.
Mais j’allais t’en parler, je te jure ! S’il-te-plait me punis pas ! -
Oh et bien pourquoi je le devrais ? -
Je… Je … Je sais pas … »
Le jeune Andy bafouilla et perdit ses moyens devant Jacob, leur père. Pourtant il n’allait pas être puni, non. Mais le fait que sa passion soit dévoilée ne sembla pas le mettre à l’aise. Lui qui jusque là était un enfant très secret et discret dans la famille. A vrai dire, c’était depuis ce jour que le mythe d’Andy s’écrivit : la caricature de l’enfant toujours le nez dans son carnet à dessiner. Dessiner ce qu’il voyait, ce qu’il se passait dans sa tête, dessiner un peu tout.