YOLY FRANKLIN ESMERALDA REBEL – dix-neuf ans et demi, née le 25 décembre 1990 à Londres, Angleterre – Anglo-Américaine – étudiante au conservatoire de musique – célibataire – feat Emma Watson
Yoly Franklin Esmeralda Rebel Jagger, voici mon nom complet. Je peux l’avouer et en être fière : j’ai du pur sang des Stones qui coule dans mes veines. Pourtant, malgré ça, on peut dire que je suis une erreur de la nature. Ma venue n’était pas attendue du tout et quand mes parents m’ont raconté comment j’ai été « confectionnée », ouais, c’est vrai : je n’étais pas l’enfant qu’un homme et une femme attendaient avec impatience. J’étais plutôt un fardeau pour ma mère. Ne parlons même pas ce que mon père pensait de cette situation. Il l’avait mise en cloque dans un avion et il n’était même pas foutu d’assumer que c’était lui qui l’avait fait avec elle. Putain, ça me tue : dans un avion, j’ai été confectionnée. Je vous laisse imaginer la scène, moi, ça me dégoute personnellement. Ce n’est pas que je veux me la jouer petite sainte ni touche, mais ça aurait été cool que je puisse vous raconter que je suis née d’une liaison passionnée entre ma mère et mon père, enfin que j’ai été conçue comme toi, comme vous tous là ! En plus de ça, je suis née le vingt-cinq décembre mil neuf-cent quatre-vingt dix. Le cadeau empoisonné de mes parents. Je vous dis, je suis de cette espèce qu’on appelle plus communément les boulets. Petite déjà, j’étais ce boulet qu’on trainait. Je fais l’objet des moqueries des autres. L’enfer, c’est les autres. J’avais à peine six ans, je crois que ce jour-là, je m’en rappellerai encore. La cours de récréation. Le lieu préféré de nous autres les enfants. L’institutrice venait d’annoncer la fin de la leçon du jour et le début de la récréation. Tous les enfants accoururent vers la porte de sortie pour profiter du rayon de soleil de juin. En compagnie d’Eleanor, on avait investi un petit coin tranquille de la cours. Histoire de ne pas se faire embêter par les autres. Eleanor, elle était vraiment gentille et adorable, cette fille. Elle était l’une des rares personnes qui ne me jugeait pas parce que j’avais des… formes. Le groupe de petites filles dans lequel je faisais partie jouait à la corde à sauter. On était tranquilles, disons qu’on n’était pas le genre de filles à chercher les embrouilles. C’est alors qu’une petite bande de garçon débarquèrent et se mirent à m’encercler. Je ne comprenais pas ce qu’ils nous voulaient. Puis, l’un d’eux, lança d’un ton arrogant et moqueur : « avec sa graisse, elle va rebondir ! j’en suis sûr ! ». Vraiment. Vraiment, je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas ce qu’il disait et surtout où il en voulait en venir. Puis pourquoi s’acharner sur moi ? Je ne leur demandais rien, mais eux ça les amusait. Alors ils étaient là autour de moi. Eleanor et les autres n’osaient rien dire. Elles regardèrent la scène sans pouvoir intervenir. Sans vraiment savoir comment, ni à quel moment exactement, mais l’un des garçons, Maël me poussa violemment. Violemment, en effet. Je ne sais pas trop comment, mais je chutai la tête la première. Je ne me rappelle vraiment pas comment. En fait, le temps d’une fraction de seconde, c’était le trou noir, puis soudainement, j’entendais tous ces rires. Tous ces garçons qui se moquaient de moi. Ce n’était pas nouveau. Mais, j’avais mal. Mal physiquement et moralement. Les larmes perlèrent sur mon rond visage. Des larmes de peine, de douleur, de tristesse et de honte. M’humilier devant les autres, voilà ce que ce groupe de garçon aimaient bien me faire. J’avais à peine six ans et déjà je sentais comme un mal être chez-moi… *** La nuit commençait à tomber lorsque je rentrais enfin à la maison. A croire que mon arrivée était tant attendue puisqu’à peine le premier pied posé sur le sol du hall d’entrée, un « YOLY FRANKIE ESMERALDA REBEL JAGGER ! » retentit dans toute la demeure. C’était moi. Je me demandais bien ce que ma mère me voulait bien. Sérieusement, je ne voyais rien à me reprocher jusqu’au moment où je me trouvai face à face à elle. « Ton professeur de piano m’a appelé, il s’est demandé pourquoi tu n’étais pas venue à ton cours à dix-huit heures… » Mon cours de piano… oh mon dieu, oui. Je l’avais totalement oublié. Il ne me restait plus qu’à m’expliquer… « Je… Ce n’est qu’un cours. C’est bon, j’irai demain. » « Demain… & pourquoi n’es-tu pas y allée ? » « Je… » Comment lui expliquer. Je n’allais tout de même pas lui dire : « Maman, j’ai passé ma journée avec le garçon que j’aime, tu sais Innocence… enfin voilà, il s’est passé ce qu’il devait se passer à un moment donné dans notre relation. » Non, jamais je pourrais lui dire ceci. Ou encore plus familièrement parlant : « Je me suis envoyée en l’air avec mon mec. » Non, non, non. Il est impossible que je lui réponde cela. « Je… J’étais avec… » Et sans que je puisse continuer ma phrase, mon frère intervint et lâcha un : « Innocence ! ». Vous ne pouvez pas imaginer au combien j’avais envie de le fusiller sur place à cet instant. Un regard noir lancé à son égard et ma mère m’interrogea alors sur ce fameux « Innocence. ». Innocence. Je suppose que vous aussi vous voulez savoir qui c’est. Voilà, j’avais quinze ans quand on s’est rencontrés. Je venais de revenir à Arrowsic après presque six ans d’absence dans la petite ville. Mon retour était marqué comme un nouveau départ. J’avais changé. Je n’étais plus cette petite « grosse » comme disait les autres. J’étais une nouvelle Yoly. Ce garçon était tout pour moi, ou presque tout pour moi. Je l’aimais, oui et il m’aimait il me semble. Je sortais avec lui, c’était mon petit-ami, mon premier vrai petit-ami. Moi, je restais alors là sans voix devant ma mère, ne sachant quoi répondre. « Je vais monter dans ma chambre. ». Je partis alors dans ma chambre m’enfermer. Ma chambre. C’était sûrement l’endroit où je pouvais être tranquille et seule. Enfin ça, c’était ce que je pensais. Puisque quelques minutes après mon départ précipité du salon, mon frère en profita pour venir s’incruster dans ma chambre. Mon frère, un spécimen ce garçon, moi je vous dis. « Je vois vraiment pas ce que tu lui trouves à ce gars, sérieux ! » « Hum, pardon ? » « Innocence… Sérieux. Tu lui trouves quoi à ce mec ? » En fait, voyez-vous mon frère était ce grand protecteur. Si je l’écoutais, je n’aurais pas le droit de sortir avec les personnes que je veux, ni même d’aimer celui que j’aimais… Ouais, à vrai dire, il n’appréciait pas vraiment Innocence, et l’idée qu’il soit mon petit-ami, ça, il ne l’encaissait pas. Je ne comprenais vraiment pas mon frère par moment. Bref. Je me trouvais en face de lui. « Tu ne peux pas comprendre ça, je crois bien. Et sincèrement ? Tu me fais chier avec ça, Peter ! » Encore une fois, ça allait se terminer en dispute. A croire que Peter et moi, on était fait pour s’engueuler vingt-quatre heures sur vingt-quatre. « Tu verras un jour, il te lâchera comme une grosse merde… » « Sors de ma chambre maintenant ! ». Il m’énervait et cela, il l’avait bien compris. C’était presque devenu son jeu préféré, celui de mettre à bout de nerf. « Et qu’est-ce que tu foutais avec lui ce tantôt, hein ? » « Ca te regarde pas ! ». La porte claqua quelques secondes après mes dernières paroles. C’est vrai, c’était la guerre entre nous, c’était presque l’amour vache. Pourtant, il avait raison… un jour, Innocence me lâcherait comme une grosse merde. Je pensais que ce jour-ci n’arrivera jamais… *** « Yoly comme jolie ? Jagger comme Mick Jagger ? C’est ça ? » « Ouais. » Je pouvais le dire. Je n’étais pas franchement emballée par la conversation et encore moins à l’idée de devoir lui parler. Lui. Lui, c’était Maël. Ce garçon n’était pas bien moche, c’est vrai, mais qu’est-ce qu’il m’ennuyait ! « T’es jolie… » Ses joues rosirent légèrement peu de temps après avoir prononcé ces quelques mots. J’étais jolie, je suis jolie, c’est vrai. Le temps où j’étais cette petite aux formes imposantes est révolu. Je ne réagissais pas vraiment à ses dires. Un petit sourire et c’est tout. « Tu le dis si je te fais chier… » « Hum, c’est bien. Je n’ai même pas besoin de te le dire. Tu comprends tout seul ! » La déception pouvait se lire sur ce Maël. C’est vrai il n’était pas bien méchant, après tout. Il ne faisait que de me complimenter et pourtant, j’avais toujours cette haine à son égard. Savait-il qui j’étais vraiment ? Savait-il que j’étais cette petite fille d’antan qu’il traumatisait à l’école, celle qu’il avait prise comme son martyre. J’étais son martyre, oui. Le voir à présent être si gentil avec moi, c’est vrai j’étais étonnée. Il ne devait pas se rappeler de moi, pourtant, je me rappellerai toujours de ce qu’il me faisait endurer. Toujours. Rancunière, sûrement. Il avait fait de ma vie de petite fille un enfer, comment vouliez-vous que je lui pardonne cela ? Non, ce n’était pas possible. Et sans dire un mot, je partis. Le laissant seul assis sur la pelouse. « Eh ! Mais attends ! Tu vas où là ? » A quoi bon lui répondre. Le jeune homme restait là sans réponse à sa question avec l’espoir que je me retourne pour lui adresser quelques mots. L’étui de mon saxophone à la main, je me dirigeais silencieusement vers mon but, vers mon point d’arrivé. Là où une fois par semaine, j’avais rendez-vous avec l’orchestre de la ville. En fait, l’orchestre. C’était un peu comme ma deuxième famille. Arf, c’est vrai, la majorité de ceux qui y sont m’ont vu grandir et devenir ce que je suis. J’avais quinze ans quand j’ai intégré cet orchestre. Me voilà encore ici, quatre ans et demi après avec mon petit rôle de saxophoniste. Oui, je jouais du piano, mais le saxophone était pour moi ma deuxième passion. En fait, oui, la musique était tout pour moi. Arrivée devant la grande porte du bâtiment, je posai au sol mon saxophone qui était dans son étui et leva les yeux en direction de cette porte. Un soupire s’échappa de ma bouche. C’est alors que comme par magie elle s’ouvrit. Je parle de la porte bien entendu. Un vieil homme d’un certain âge m’accueillit, le sourire aux lèvres : « Bonjour Yoly ! ». Lui c’était le chef d’orchestre, celui sans qui cet orchestre ne serait rien voyez-vous. Un bravo homme, je dois l’avouer. J’entrais dans la salle, un petit sourire intimidé s’afficha sur mes lèvres avant de lâcher un petit « bonjour ». Ce n’était que les débuts des salutations. En effet, à peine entré dans la pièce, j’aperçus une bonne dizaine de personnes, tous musiciens. Amateurs la majorité. J’étais la dernière à arriver à vrai dire, je n’avais pas vraiment fait attention à l’heure qu’il était. Sans perdre du temps à la conversation, je partis m’installer et sortir mon instrument de son étui. Je jouais alors quelques notes lorsque tout d’un coup, une petite voix prétentieuse vint m’arrêter. « Alors comme ça, tu fricotes avec Maël ! » « Hum, je suis désolée, mais je ne vois pas de quoi tu parles, Naomie. » Naomie, qu’est-ce qu’elle pouvait m’agacer cette fille ! Toujours à vouloir savoir tout sur tout et vous taclez dés qu’elle en avait l’occasion. « Fais pas l’ignorante… on t’a vu tout à l’heure avec lui… Vous êtes proches dis-moi ! » « Proche ? Non, pas du tout. » Maël et moi, vous l’aviez compris vous n’est-ce pas ? On est tout sauf proche. Je m’en foutais de ce que ce garçon pouvait penser de moi, je mettais faites ma propre opinion de lui depuis que j’étais petite. Pour moi, il restera un connard –excusez-moi du mot. « Arrête, on le sait tous ici ! » Ca ne servait à rien de lui répondre. Autant l’ignorer, alors, je la laissais parler dans le vide. Mon attention se prêta alors sur l’homme qui m’avait chaleureusement accueilli à mon arrivée, « Nous allons commencer ! ». Oui, la répétition allait alors commencer…