La journée de Cléophée avait commencé par une audience. A vrai dire c’était d’une banalité pour la jeune avocate. La routine pour être précise. Sa matinée s’était terminée à midi vingt-six, montre à la main. Après de longues négociations, l’audience prit fin. A la sortie du palais de justice, une voiture semblait l’attendre. Ni une, ni deux, lorsqu’elle aperçut le véhicule, Cléophée accourut, laissant alors en suspens sa conversation. Conversation qu’elle acheva par un « je dois y aller… à plus tard ! ». S’approchant de plus en plus près du véhicule, un sourire se dessina sur ses lèvres alors. La portière s’ouvrit alors sous ses yeux. Elle s’installa en silence à côté du conducteur, qu’elle ne manqua pas d’embrasser. Avouons-le, le conducteur n’était pas n’importe quel conducteur à vrai dire. « Alors ta matinée, mon amour ? ». Après un long soupire de la part de Cléo, cette dernière prit enfin la parole. « Hum… mwi, on peut dire ça comme cela. Mais tu vois, c’est officiel : Spencer est le pire de son espèce ! Ok, insinuer que je suis incompétente, ça peut passer, mais de là à insinuer que je paie je-ne-sais-quelles-personnes en ma faveur… ça va deux secondes. Sérieux, c’est quoi son problème avec lui ? ». Après son monologue de plusieurs longues secondes, Cléo se tut, restant ainsi silencieuse. Ses yeux se posèrent alors sur la route, puis sur le paysage qui défilait à une certaine vitesse devant elle. Elle remarqua alors enfin que la voiture avait démarré, et qu’ils avaient pris le chemin du retour. « Jalousie ? Il n’a sûrement toujours pas encaissé votre rupture… Enfin je suis pas dans sa tête. » « Mais… c’était il y a cinq ans, amour ! Cinq ans ! ». Et la conversation allait de bon train à ce sujet, et continua un long moment. Spencer et Cléophée. Toute une histoire, ou plutôt qu’une histoire d’amour de lycéens encore insouciants de ce que pouvait être la vie, celle du monde des adultes. Deux gosses de riches, deux adolescents élevés de la même manière. Tous les rapprochaient et pourtant leur chemin se coupa, il y a de cela cinq ans. Cinq ans qu’elle connaissait CHOSESANSNOM, quatre ans et demi qu’elle vivait une histoire d’amour avec et puis…
« C’est quoi ça ? » dit-elle en regardant avec beaucoup de questionnement la petite boîte qui se trouvait dans son assiette. « Ouvre ! Tu verras bien… ». Le regard insistant, le sourire au bout des lèvres, CHOSESANSNOM n’en dit pas plus. Laissant alors le suspense s’inviter dans leur déjeuner. C’était hésitante qu’elle ouvrit la boîte où elle avait défait minutieusement le nœud qui l’ornait. Elle hébétée, sans voix, n’osant toucher l’objet à l’intérieur. « Je… mais… ». Aucun son, aucun mot ne put sortir de sa bouche entrouverte. Tout cela sûrement dû à l’émotion. Pendant de longues minutes, elle resta sans voix. « Ca a du te coûter cher… je… non… je ne peux pas accepter, CHOSESANSNOM ! ». « Ca n’a pas d’important le prix, je t’aime Cléo… ». La jeune femme se leva, se tournant vers l’homme qu’elle aimait qui se trouvait en face d’elle. Fébrile, elle prit la parole : « je ne peux pas accepter… ». Ainsi, elle venait de refuser une bague de fiançailles, sa bague de fiançailles. En outre, sûrement foutu en l’air une partie de son histoire avec lui. Cléo laissa donc seul CHOSESANSNOM avec sa bague de fiançailles, dans son appartement. Elle enfila son trench beige sans dire un mot et partit. Laissant derrière elle ses futures fiançailles, mettant entre parenthèses son histoire le temps d’un moment.

La pluie s’était invitée. Cléophée, la jolie Cléo, gara sa voiture sur le petit parking qui se trouvait en face de l’immeuble. Elle sortit de son véhicule et resta devant le grand bâtiment sous cette pluie. Devant l’immeuble de CHOSESANSNOM. Et elle resta là, sans bouger, immobile, à attendre. A l’attendre. Elle guetta alors chaque personne, chaque flux, avec le seul espoir, avec le seul et même espoir : le voir. Combien de temps était-elle ici ? Des minutes, plusieurs minutes. Une demi-heure ? Sûrement plus. Pourtant malgré le temps qu’il passait, elle resta là, là oui. Les cheveux mouillés, ses vêtements commençaient à être trempés, ce n’était qu’un détail… Son seul soucis : était de le voir, de lui parler. Une tête blonde sortit de l’immeuble. Avec un peu de difficulté, elle crut reconnaitre CHOSESANSNOM, son petit ami. « CHOSESANSNOM… ?». Elle venait de prononcer son prénom, tant pis si ce n’était pas lui. L’homme leva la tête en direction de la jeune femme et… « Cléo ? Mais… ». Il s’avança vers elle, avec une certaine détermination. « Qu’est-ce que tu fais là ? T’es trempée… » et sans le laisser finir sa phrase, Cléophée prit alors à son tour la parole. « Pardon, pardon, pardon…. Excuse-moi… je t’aime… Tu vois, ces derniers jours, j’ai compris une chose : c’est avec toi que je veux faire ma vie… ». S’approchant doucement de la jeune femme, l’homme posa ses mains sur ses joues, plongeant son regard dans le sien. « Cléophée Thémis Webster… tu me surprendras toujours. ». Un sourire se dessina sur les lèvres de la belle Cléo. Heureuse, elle était, il est vrai. Doucement, et lentement, son visage s’approcha de celui de CHOSESANSNOM. Kidnappant ainsi les lèvres de ce dernier.