MARK: Tu veux un café, un thé, quelque chose ?
POPPY: Non merci, ça ira.

Puis ce fut le silence, encore. Sa tentative de faire la conversation était tombée à plat et à présent, il regardait partout sauf vers moi. Sûrement très désireux de me voir m’en aller, il devait se demander pourquoi il avait eu la bonne idée de m’inviter chez lui. Il devait également regretté de ne pas avoir fait comme les autres et de ne pas s’être contenté de rester loin de moi. Je regardais autour de moi ne faisant aucun effort pour meubler le silence qui durait depuis de longues minutes maintenant. Enfin, elles devaient lui paraître longues à lui, je le sentais qui devenait de plus en plus mal à l’aise. Moi, à vrai dire, cela m’était bien égal. J’étais trop occupé à regarder son appartement, ou du moins le peu que je pouvais en voir de la cuisine. Il était propre, bien rangé, lumineux, on aurait pu dire un appartement totalement inhabité. Rien ne dépassait, enfin si on mettait de côté la paire de chaussettes que j’apercevais de là où j’étais et qui dépassait légèrement de sous le canapé. Je trouvais d’ailleurs que c’était un endroit étrange pour ranger des chaussettes. J’entendis un froissement de papier, puis de l’eau qui coulait, je regardais de nouveau Mark, il était accoudé à son évier et me regardait d’un air songeur. Je devinais ce qu’il devait penser, un truc du genre : "Comment vais-je m’y prendre pour lui demander de partir tout en restant poli ?" Je l’imaginais déjà en train de prétendre qu’il se sentait mal ou encore me dire qu’il avait du travail ou n’importe quelle autre excuse vaseuse et pas crédible pour un sou, du moment qu’il arrivait à se débarrasser de moi. Pourtant, il y a une heure, se débarrasser de moi était la dernière chose qu’il aurait voulu, il buvait mes paroles bien qu’elles n’aient pas grand intérêt, riait à mes blagues, bien qu’elles ne soient pas drôle et avait vu arriver avec désespoir, la fin de notre dernier cour. C’était pour cela qu’il m’avait invité chez lui à la sortie de l’uni, il avait, je cite, un livre intéressant à me montrer à propos de fouilles archéologique en Egypte. Il avait du penser que vu que à ce qu’il avait pu en juger en cours, j’étais très sérieuse et très intéressée par mes études, ce serait le prétexte le mieux pour que j’accepte. Mais j’étais loin d’être une imbécile, et je savais bien que ce n’était qu’un prétexte stupide.

POPPY: Alors, ton livre ? …
MARK: Mon livre ?

L’incompréhension la plus totale s’était peinte sur son visage. Il ne voyait visiblement pas de quoi je voulais parler et devais me trouver de plus en plus bizarre. En plus j’avais parlé avec un ton sec qui contrastaient vraiment à celui que j’avais eu un peu plus tôt. On aurait pu croire qu’il avait fait quelque chose de mal pour je change d’attitude à ce point mais pas du tout, c’est juste que je n’étais plus d’humeur à parler et tout. J’avais toujours été comme ça, je pouvais être durant un moment, drôle, bavarde, fofolle et ouverte et la minute d’après me renfermer complètement et devenir sérieuse, distante, sèche et froide. C’est pour cela que la plupart des gens avait du mal à me cerner. En grandissant, j’avais essayé de m’améliorer sur ce point-là mais mes changements d’humeurs revenaient au galop lorsque j’étais mal à l’aise hors là, je n’étais pas du tout à l’aise.

Malheureusement, j’étais incapable de dire pourquoi. Enfin, je me disais que s’il me trouvait déjà bizarre là, qu’est-ce que ça serait si il savait qui était ma famille. Car si pour moi, le mode de vie de ma famille et sa composition était normale, je savais que c’était loin d’être le cas pour le reste du monde. Pour eux, une famille se devait d’être composé d’une mère et d’un père, peu importe si dans la majorité ces derniers étaient séparés, et des enfants, trois c’étaient déjà beaucoup. La mienne était composée, d’un père, de trois mères et de douze enfants ce qui était une image très éloignée de celles qu’ils avaient de la normalité. J’aurais aimé dire que cela m’était égal, le jugement que les gens pouvaient porter sur nous, mais c’était loin d’être toujours le cas. Enfin, moi j’avais toujours vécue comme ça, j’avais toujours connue les même règles, les mêmes sermons et dans un avenir proche, je ne m’imaginais pas me rebeller contre ça contrairement à ce que faisait la plupart de mes frères et sœurs.

MARK: Ecoutes Poppy, j’avais oublié là mais j’ai un rendez-vous important, enfin, je dois aller manger chez… ma mère là, tu comprends…

Elle était arrivée l’excuse bidon, et franchement j’avais vraiment envie de rire, chez sa mère, alors qu’il m’avait dit un peu plus tôt qu’il venait de Nevada où vivait toujours sa famille, c’était comme le livre ça, il avait du déjà oublier. Je me contentais de lui faire un sourire poli et me dirigeais vers la porte de sortie sans dire un mot. Au moment de franchir la porte je me ravisais cependant.

POPPY: A plus tard hein…

Je n’avais rien trouvé d’autres à dire mais j’avais pensé que partir comme ça sans rien dire, ce n’était décidément pas très poli. Mais je savais pertinemment, comme lui, que la prochaine fois que nous nous verrions, il ferait comme s’il ne me connaissait pas, et moi je ne ferais rien pour laisser supposer le contraire. Dans la rue, je pressais le pas, je n’avais nulle part où aller et donc j’allais rentrer chez moi Cela ne me dérangeait pas, car il n’y avait pas d’endroits où je me sente plus à l’aise que dans la maison, même si elle était bruyante et pleine de monde.